Mère et éducatrice de son enfant comment assumer ce double rôle?

Comprendre ce qui se passe

Pour le jeune enfant, sa mère tout comme sa maison et ses jouets, forment sa base de sécurité. Qu’arrive-t-il lorsqu’il voit ses repères menacés, et ce, pendant près de 10 heures par jour, cinq jours par semaine ? L’enfant sent alors sa place et son espace mis en péril. Non seulement votre fils doit-il partager sa mère, mais il voit sa maison envahie. De quoi être perturbé vu son jeune âge. Dans le cas d’un enfant unique, habitué à être le seul objet d’amour de sa maman et peu confronté à partager ses jouets et son espace, une telle situation peut s’avérer pire encore. L’âge de l’enfant, la présence de frères et de soeurs dans le service de garde, le nombre d’enfants qui le fréquentent, la présence ou non d’enfants de son âge, la participation d’une aide-éducatrice ou d’un aide-éducateur faisant partie ou non de la famille, représentent autant de facteurs susceptibles d’être en cause dans la problématique. Il faut prendre le temps d’examiner l’ensemble de la situation et éviter de se limiter à quelques-unes de ses composantes.

La pensée de l’enfant étant égocentrique jusqu’à 6 ou 7 ans, il lui est donc impossible d’entrevoir d’autres points de vue que le sien. C’est pourquoi vous ne pouvez attendre de votre fils qu’il saisisse les enjeux de votre double rôle de mère et d’éducatrice. C’est à vous que revient la tâche de faire le mieux qui soit pour que votre fils s’adapte à la réalité. Mieux vaut penser en termes de solutions et d’actions que de culpabilisation. Cela est plus efficace.

Des réactions normales

Dans la situation où leur mère est aussi leur éducatrice, les enfants réagissent par des comportements différents. Certains provoquent des conflits, font mal aux copains de jeu, crient. D’autres s’emparent des jouets des autres, refusent de partager avec eux, régressent ou bien s’isolent. Alors que quelques-uns s’y font très bien. Dans tous les cas, les enfants concernés expriment leur malaise en cherchant à contrôler leur mère et leur environnement, quitte à s’attirer des ennuis. Quant à la RSE-mère, elle influence d’une façon ou d’une autre la situation par ses attitudes et ses agissements envers son enfant et les autres enfants. Malgré les difficultés réelles qu’une telle situation occasionne pour votre enfant comme pour vous, il existe des moyens susceptibles de la vivre plus harmonieusement.

Il a de l’espoir !

La démarche suggérée ne réside pas dans la recherche de solutions magiques, mais dans l’identification d’astuces appropriées et dans leur application constante, qui requiert de votre part patience et doigté.

• Expliquez à votre enfant que votre métier consiste à veiller sur les enfants que d’autres parents vous confient. Que vous avez la responsabilité de bien faire votre travail : leur donner à manger, leur faire des câlins, leur prêter des jouets, etc. « Il y a des mamans qui travaillent dans un magasin, un bureau ou à l’hôpital. Ta maman, elle, travaille à la maison comme éducatrice. En plus de gagner de l’argent, cela lui permet d’avoir son garçon avec elle tous les jours et elle en très contente. » Il s’agit là d’une explication que votre enfant aura besoin d’entendre encore et encore, au besoin.

• Rassurez votre enfant quant à la place unique qu’il occupe dans votre cœur de mère et dans sa famille.

• Préservez à votre garçon un espace d’intimité dans la maison où il peut se retirer seul au besoin. Il peut s’agir de sa chambre ou d’un coin clairement délimité dans la salle de jeu.

• Déterminez avec votre enfant les jouets et les objets qu’il souhaite raisonnablement voir réservés à son usage personnel, lesquels seront rangés dans son espace d’intimité. Soyez claire : s’il les apporte ailleurs dans la maison, il devra alors les partager avec ses pairs. Félicitez-le pour ses gestes de partage.

• Lors de l’adaptation d’un nouvel enfant surtout d’un poupon, expliquez à votre enfant les activités qui auront lieu dans les jours suivants et les gestes que vous poserez à l’égard du nouveau venu: le nourrir, le consoler, parler avec ses parents, etc. Ainsi, il comprendra mieux votre non-disponibilité à certains moments de la journée.

• Donnez des responsabilités à votre enfant dans votre service de garde, autres de celles que vous lui confiez dans la vie familiale.

• Établissez le plus possible les mêmes règles dans les deux contextes. S’il y a divergence, expliquez-lui pourquoi.

• Appliquez les mêmes conséquences lors d’un mauvais agissement de sa part.

• Rappelez à votre enfant les moments privilégiés que vous passez avec lui le soir venu ou les fins de semaine. « Tu es le seul à qui je lis une histoire le soir. Il n’y a que toi qui peux faire l’épicerie avec moi. Aux autres enfants, je ne leur donne pas tout plein de bisous dans le cou. »

• Parlez de votre expérience à d’autres RSE qui vivent la même situation. Sans doute que leurs commentaires vous éclaireront.

Avantage ou inconvénient ?

Plusieurs mères choisissent d’être RSG afin de demeurer à la maison. Cela leur permet de voir leur enfant grandir en plus de faire un travail qu’elles aiment en échange d’un revenu. Quelle est votre principale motivation à être responsable d’un service de garde éducatif en milieu familial ? Telle est la première question à laquelle vous devez répondre en toute franchise. En assumant pleinement votre choix, vous saurez mieux tirer parti de la réalité et trouver des moyens réalistes pour vivre le mieux possible les nombreux avantages et les quelques inconvénients qu’occasionne le double rôle de mère et d’éducatrice en milieu familial. Plusieurs RSG témoignent du fait qu’elles récoltent plus de points positifs que négatifs en gardant leur enfant dans leur service de garde.