Je suis éducatrice de formation et responsable d’un service de garde éducatif en milieu familial, depuis bientôt 2 ans. Je m’occupe de 6 enfants âgés de 2 et 4 ans, dont mes 2 enfants. Les enfants que je reçois n’ont ni frère ni sœur, ni même de cousins ou de cousines avec qui socialiser. Ils sont donc le centre d’attention de leur famille. Je trouve aussi qu’ils ont peu d’initiatives et attendent souvent que je leur dise quoi faire lors des jeux libres. Je me sens très sollicitée et malheureusement, je n’ai pas l’impression d’être à la hauteur de leurs demandes. Je dois gérer, de façon quotidienne, des crises de jalousie soit pour un jouet, soit pour mon attention. De leur côté, les parents qui ne vivent pas cette situation à la maison sont toujours étonnés de savoir que leur enfant a mordu ou tapé un pair ou encore qu’il a piqué une colère pour un jouet. Je veux aider les enfants de mon groupe, et les miens, à vivre de façon harmonieuse dans un monde où l’on ne peut pas toujours être le premier. J’aime mon métier et j’ai envie de le faire longtemps.
C.F.
Vous avez raison de vous sentir dépassée par les manifestations de jalousie et les nombreux conflits des enfants. Bien qu’il n’y ait pas de solutions magiques pour obtenir l’harmonie que vous souhaiteriez pour le groupe d’enfants, il existe néanmoins des moyens réalistes pour mieux vivre les moments difficiles que vous décrivez.
En blâmant les enfants et en vous critiquant, vous ne faites qu’entretenir votre sentiment d’impuissance face au problème. Au lieu d’espérer l’arrêt des réactions hostiles des enfants, qui sont des comportements normaux à leur âge, concentrez votre énergie à développer plus de confiance en votre capacité à minimiser ce qui vous irrite. Rappelez-vous qu’apprendre à partager l’adulte ou les jouets, à attendre son tour, à contrôler ses frustrations, à jouer sans la participation constante d’un adulte est un processus long et complexe qui demande beaucoup de patience et de compréhension de la part des éducatrices.
Quant à l’étonnement des parents face aux comportements agressifs de leur enfant à la garderie, informez-les de leur raison d’être. Expliquez-leur que le service de garde constitue un lieu propice pour développer les habiletés sociales dont leur chérubin aura besoin tout au long de sa vie. S’il est vrai que pour les enfants uniques, cet apprentissage peut se faire plus lentement, néanmoins, il se fait le plus souvent. Sachez que nous les aidons beaucoup en commençant par les considérer comme des enfants avant tout, c’est-à-dire dire comme des êtres encore immatures sur le plan social et affectif, mais doté d’un potentiel inouï.
Non seulement l’âge des enfants est-il en cause dans l’exaspération que vous vivez, mais vos responsabilités parentales sont aussi à prendre en compte. Le rôle de mère de jeunes enfants est très demandant. Quand vous accordez-vous un peu de répit ? Aussi, être responsable d’un service de garde éducatif en milieu familial constitue une tâche accaparante où l’on risque de s’épuiser sérieusement en exigeant trop de soi et des autres. Quels sont les moyens dont vous disposez au quotidien pour refaire le plein d’énergie ? Prenez soin de vous et continuez à aider les enfants à acquérir plus d’autonomie et d’habiletés à utiliser la parole pour exprimer leurs émotions. Ce sont des apprentissages qui se font un pas à la fois. Avec de la persévérance et vos connaissances sur le développement de l’enfant, nul doute que vous serez à la hauteur de ce défi à relever.
